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Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/226

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n’égale le penchant qui les porte vers tout ce qui est agréable. Si donc on ne les rend pas soumis et dociles, ce penchant ne saurait que s’accroître en eux. Le goût du plaisir est insatiable, et est excité par tous les objets, dans l’homme qui manque de jugement ; l’activité de quelque passion ne manque guère d’accroître toutes celles qui ont quelque affinité avec elle ; et, parvenues à un certain degré de force et de violence, elles finissent par troubler entièrement l’esprit. Voilà pourquoi il faut qu’elles soient modérées et en petit nombre, et qu’elles ne soient pas contraires à la raison. C’est là ce qui constitue le caractère qu’on appelle docile et bien réglé. Car de même qu’il faut qu’un enfant s’accoutume à vivre, en se conformant aux avis de l’instituteur chargé de sa conduite, ainsi il faut que nos désirs soient conformes à la raison. C’est aussi ce qui arrive à tout homme sobre et tempérant ; car il n’a en vue, comme la raison elle-même, que ce qui est beau et honorable ; il ne désire que ce qu’il doit désirer, de la manière et dans le temps qu’il le faut, comme la raison le prescrit. Voilà donc ce que j’avais à dire au sujet de la tempérance.