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Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/225

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ses actes particuliers sont volontaires, puisqu’ils sont l’effet du désir et de l’inclination : mais, à considérer l’intempérance comme habitude, la volonté y paraît moins ; car, en général, personne ne veut être intempérant. L’expression même d’intempérance, ou de conduite désordonnée[1], s’applique aux fautes de peu d’importance, comme sont celles des enfants, à cause d’une certaine ressemblance qu’il y a entre leur intempérance et celle des hommes plus avancés en âge ; mais laquelle de ces deux notions a donné son nom à l’autre, c’est ce qu’il importe peu de décider en ce moment. Toutefois il est assez visible que c’est la seconde qui a pris son nom de la première, et avec assez de raison ; car le penchant pour les choses honteuses a besoin d’être réprimé ou châtié, comme tout ce qui est susceptible de s’accroître ; et c’est précisément ce qu’on peut appliquer au désir et aux enfants ; car leur vie est agitée par des désirs continuels, et rien

  1. En grec, ἀκολασία signifie littéralement absence de châtiment, ou de punition ; et ἀκόλασος, que nous traduisons communément par intempérant, ou débauché, signifierait plutôt mal morigéné, et se dirait en effet d’un enfant indocile, et qui a contracté de mauvaises habitudes. Ce défaut de correspondance exacte entre les expressions dans les différentes langues, qui arrête, pour ainsi dire, à chaque pas un traducteur, est cause que les bonnes traductions sont très-rares. Ici, par exemple, j’ai été forcé de paraphraser assez longuement le texte d’Aristote, et j’avoue que c’est un inconvénient ; mais je n’ai pas su trouver le moyen de l’éviter. Malheureusement ce n’est pas le seul endroit où je fusse dans le cas de faire un pareil aveu.