Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/261

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de la considération, un excès ou un défaut d’énergie, une tendance à les obtenir par des moyens légitimes et convenables. En effet, on blâme l’ambitieux comme aspirant aux honneurs avec plus d’ardeur qu’il ne faut, ou par des moyens répréhensibles ; et l’on blâme pareillement celui qui, trop peu jaloux de l’estime publique, n’éprouve pas le désir de l’acquérir par des actions nobles et généreuses..

Il arrive aussi quelquefois qu’on applaudit à l’ambitieux, comme étant un homme de cœur et capable de sentiments élevés, ou qu’on loue la sagesse et la modération de celui qui n’est pas assez touché des sentiments d’une ambition légitime, ainsi que je l’ai déjà remarqué. Au reste, il est facile de voir que, comme les mots qui expriment le penchant ou les passions des hommes pour différentes choses, s’appliquent de bien des manières différentes[1], on n’emploie pas aussi toujours le terme d’ambitieux pour désigner un même caractère, mais qu’on s’en sert tantôt dans un sens favorable, quand on l’applique à ceux qui désirent l’estime et la considération publiques plus que ne le fait le commun des hommes ; et d’autres fois dans un sens défavorable, en parlant de ceux chez qui ce désir est exagéré et porté au delà des bornes que prescrit la raison.

Mais, comme le juste milieu en ce genre n’a pas été marqué par un nom exprès, les extrêmes sem-

  1. Voyez ci-dessus l. 3, c. 13.