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LIVRE V.

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ARGUMENT.

I. Ce qui est conforme aux lois et à l’égalité est juste : ce qui y est contraire est injuste. L’homme injuste est avide des biens de toute espèce, plus qu’il n’a droit d’en obtenir ; en fait de maux ou de peines, au contraire, il veut toujours en avoir moins que les autres. La justice qui consiste à se conformer aux lois, est la plus importante au bonheur des individus et des sociétés ; car les lois prescrivent ce qui peut le plus contribuer à la vertu. La justice, prise en ce sens, n’est donc pas simplement une partie de la vertu; elle est la vertu, pour ainsi dire, dans son essence. — II. On peut distinguer le juste, en soi et absolument parlant, de la justice, considérée comme vertu particulière, et applicable à la conduite des hommes, lorsqu’ils ont quelque partage à faire entre eux, ou, en général, dans toutes leurs transactions, tant volontaires qu’involontaires. La justice alors pourra être regardée comme une partie du juste, qui sera le tout : et il en sera de même de l’injustice, par rapport à l’injuste. — III. La justice est fondée sur l’égalité : ce qui est juste, est un milieu entre le plus, ou le trop d’un côté, et le moins, ou le trop peu de l’autre. Dans la justice distributive, il y a au moins quatre choses à considérer ; deux parts, et deux personnes ; et il est clair que la justice, dans ce cas, n’est pas, ordinairement, dans l’égalité absolue, mais dans la proportion ; celle qu’il faut suivre est la proportion que les mathématiciens appellent géométrique. — IV. La justice qu’on pourrait appeler de compensation, est applicable à toutes les transactions auxquelles la société peut donner lieu ; à tous les