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Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/282

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actes de la vie civile, soit volontaires, soit involontaires. Son but est de rétablir l’égalité toutes les fois qu’il y a trop d’un côté et trop peu de l’autre, quel que soit le genre d’avantages ou d’inconvénients que l’on considère. C’est pour cela qu’on a recours à un arbitre, ou juge, dont la fonction est de rétablir l’égalité. Ce qui se fait suivant la proportion que les mathématiciens ont nommée arithmétique. — V. La loi dite de Rhadamanthe, qui prescrit la peine du talion, quoique les Pythagoriciens l’aient approuvée, n’est pas conforme à la justice. Le besoin a fait inventer la monnaie, comme moyen d’échange, et elle est assujettie aux variations de valeur que subissent les denrées les plus nécessaires. La justice est une Sorte de milieu entre faire tort à d’autres, et éprouver soi-même quelque dommage de la part des autres. Elle n’est pas un milieu dans le mêmes sens que les autres vertus, car l’injustice est l’extrême en plus quand il s’agit des biens ou des avantages, et l’extrême en moins quand il s’agit des maux ou des inconvénients. — VI. La justice civile, ou politique, est celle qui se pratique entre hommes qui jouissent de l’égalité et de la liberté, et qui sont soumis aux mêmes lois. Voilà-pourquoi il n’y à de justice proprement dite que là où la loi commande, et non la volonté arbitraire du magistrat, quel qu’il soit : car il sera toujours porté à violer le droit et l’égalité, et dès lors il n’y aura plus, de justice dans la société, il n’y en aura que l’apparence. C’est pour cela aussique la justice du maître ou celle du père n’est qu’une image imparfaite de la justice politique, et que la justice, entre époux, s’en rapproche davantage, parce qu’il y a plus d’égalité de droits. — VII. Il faut distinguer le droit naturel du droit civil ou politique : l’un est le même partout et dans tous les temps ; l’autre peut varier à raison des institutions et des circonstances. Mais les, choses qui ne sont justes que par l’effet des lois, ou des conventions, ne peuvent pas être partout les mêmes ; elles varient par les mêmes causes que les formes de gouvernement. — VIII. C’est la volonté, ou l’intention, qui fait qu’un homme est juste ou injuste ; mais les actions peuvent être justes ou injustes par accident ; c’est-àdire, en égard aux résultats, ou aux circonstances. Entre les choses