Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/313

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de la justice, il l’est aussi de l’égalité. Cependant, s’il est juste, il ne prétend, sous aucun rapport, à des privilèges particuliers ; car il ne s’attribue à lui-même une part plus grande du bien en soi, ou proprement dit, qu’autant qu’elle se trouve dans la proportion [autorisée ou prescrite par la justice et par la loi]. Aussi est-ce pour l’intérêt des autres qu’il travaille ; et c’est par cette raison qu’on dit que la justice est le bien d’autrui, ainsi qu’il a été remarqué précédemment[1]. Il faut donc lui accorder un salaire, et ce salaire est l’honneur et la considération. Tous ceux à qui cela ne suffit pas, ne sauraient être que des tyrans.

Au reste, le droit du maître, ou du père, n’est pas le même que celui dont on vient de parler, il n’est que semblable. En effet, il n’y a pas proprement injustice à l’égard de ce qui nous appartient : notre esclave, notre enfant, jusqu’à ce qu’il soit parvenu à un certain âge, et tant qu’il ne vit pas indépendant, sont comme des parties de nous-mêmes : or, personne n’a la volonté de se nuire à soi-même. Voilà pourquoi il n’y a pas injustice d’un homme envers lui-même ; par conséquent, il n’y a ni droit ni injustice dans le sens politique : car ce droit n’existe qu’en vertu de la loi, et entre des hommes qui sont de nature à être gouvernés par la loi, c’est-à-dire entre des êtres parmi lesquels il y a égalité de commandement et d’obéissance. Aussi le droit est-il plutôt relatif à la femme qu’aux enfants et

  1. Dans le chapitre premier de ce livre.