Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/314

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aux esclaves. Car c’est l’espèce de droit qui se rapporte à l’économie de la maison, et qui est autre que le droit politique.

VII. Mais la justice politique se divise en deux espèces, l’une naturelle, et l’autre légale. La justice naturelle, qui a partout la même force, et qui ne dépend ni des opinions, ni des décrets des hommes : la justice légale, qui regarde les actions indifférentes en elles-mêmes, mais qui cessent de l’être dès que la loi vient à les prescrire ou à les défendre, Par exemple, [quand elle ordonne] de racheter les prisonniers pour le prix d’une mine d’argent, ou d’immoler à Jupiter des chèvres et non pas des brebis[1] : en général, toutes les choses de détail sont prescrites par la loi, comme de faire des sacrifices à Brasidas[2], et tout ce qui est compris dans les décrets de l’autorité publique.

Cependant quelques personnes pensent que tout est de ce dernier genre, parce que ce qui est de

  1. L’auteur, fait allusion aux Egyptiens, au sujet desquels Hérodote (Hist. I. 2, c. 42) dit : « Tous ceux qui habitent dans le district du temple de Jupiter Thébéen,ou qui sont du nome de Thèbes, s’abstiennent de sacrifier des brebis, et n’immolent que des chèvres. »
  2. L’un des meilleurs et des plus braves généraux qu’eût Lacédémone, dans la guerre du Péloponèse. Il fut tué en défendant la ville d’Amphipolis, dont il avait forcé les Athéniens de lever le siège. Les Amphipolitains lui firent de magnifiques obsèques, et décrétèrent, qu’à l’avenir, on lui sacrifierait, comme à un héros, ou demi-dieu. Voyez (Thucyd. Hist.l.2, c. 11).