Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/365

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des démonstrations ; car le coup d’œil de l’expérience leur découvre les principes.

J’ai donc fait voir ce que c’est que la sagesse et la prudence, à quels objets l’une et l’autre s’appliquent, et que chacune d’elles appartient à différentes parties de l’âme.

XII. On pourrait demander, au sujet de ces deux facultés, à quoi elles sont utiles[1] ; car les spéculations de la sagesse, par exemple, ne peuvent contribuer en rien [d’une manière directe] au bonheur de l’homme, puisqu’elles ne se rapportent à rien de ce qui peut être créé ou produit. Quant à la prudence, elle a bien cet avantage : mais quel besoin a-t-on d’elle, s’il est vrai qu’elle s’applique à ce qui est juste, beau et avantageux pour l’homme, et que c’est là ce qu’il appartient à l’homme vertueux de mettre en pratique ? Car, si les vertus ne sont que des habitudes, nous n’en serons pas plus en état d’agir pour savoir tout cela ; c’est comme tout ce qui, en fait de choses utiles à la santé et à la bonne disposition du corps, est reconnu pour dépendre, non pas de l’action, mais d’une disposition, ou manière d’être, particulière : on n’en sera pas plus en état de le produire, quand on posséderait la science de la médecine et celle de la gymnastique.

Or, si ce n’est pas la connaissance ou la science qui peuvent faire qu’un homme soit regardé comme

  1. On peut voir ce qui est dit ailleurs (M. M. l. 1, c. 35) sur le même sujet.