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Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/37

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incidentes ou accessoires qui l’écartaient sans cesse du but au lieu de l’y ramener.

C’est que l’esprit humain n’arrive, en aucun genre, à ce qui est simple et vrai, qu’après avoir épuisé presque toutes les fausses combinaisons qui peuvent l’en écarter, parce qu’en effet il n’y a qu’une route pour y arriver, tandis que toutes les autres en éloignent. L’attrait même de la simplicité produit souvent, en ce genre, une illusion dont les philosophes n’ont que rarement su se garantir. Ici, par exemple, on s’empressa de ramener toutes les considérations à l’idée abstraite du souverain bien, et l’on se divisa presque aussitôt sur la manière de le définir et de le caractériser. Deux des disciples immédiats de Socrate, Aristippe et Antisthène, prirent chacun un parti opposé dans cette question, regardée dès lors comme fondamentale pour la science des mœurs et pour la conduite de la vie. L’un faisait consister le souverain bien dans la volupté, dans la jouissance de tous les plaisirs, mais de manière pourtant à ce qu’on fut assez maître de soi pour se les interdire, du moment où l’on pourrait en craindre les funestes conséquences[1]. Comme s’il était facile, ou même possible, de s’arrêter dans une pareille route, quand une fois on s’y est engagé.

  1. Et mihi res, non me rébus submittere conor.