Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/38

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Antisthène, au contraire, exagérant le principe de Socrate, que le bonheur consiste à avoir le moins de besoins qu’il est possible, à se rendre, autant qu’on peut, indépendant des hommes et des circonstances extérieures, regardait les plus simples commodités de la vie, comme un luxe funeste et dangereux, les plaisirs les plus innocents comme une atteinte criminelle portée à la vertu. Nous verrons plus tard se reproduire ces deux doctrines si contraires, mais modifiées et développées par des hommes d’un génie et d’un talent supérieurs, à une époque où la philosophie avait fait plus de progrès.

Platon considère la question sous un point de vue plus étendu et d’une manière plus générale et plus approfondie. Suivant lui, l’ame tend incessamment et par toutes sortes d’efforts à s’assurer la possession du bien, c’est-à-dire, de ce à quoi tout le reste se rapporte, comme à un but, à une fin ; et par conséquent cet objet des désirs et des vœux de toute créature intelligente doit avoir une réalité incontestable, doit exister par soi-même, quoiqu’on ne puisse pas clairement le faire apercevoir.

Le bien en soi, ou absolu, est donc la condition nécessaire de tout ce qui mérite le nom de bien, et il n’y a rien de particulier que l’on puisse appeler ainsi, qu’autant qu’il participe à ce bien