Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/391

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d’Empédocle ; et parce que cette proposition particulière, ou dernière, n’est ni générale, ni scientifique, et n’a pas les mêmes propriétés que la majeure du syllogisme, il en résulte le phénomène dont Socrate cherchait la cause[1]. Car la passion n’a pas lieu lorsque la science véritable et proprement dite existe réellement, et ce n’est pas elle que la passion renverse et dont elle triomphe, mais c’est, de la connaissance qui est uniquement dans les sens ou dans le sentiment. En voilà assez sur la question si souvent agitée quel est celui qui sait ou qui ne sait pas réellement, et comment il peut se faire qu’on s’abandonne sciemment à l’intempérance.

IV. Mais peut-on être intempérant en tout, ou ne l’est-on qu’en de certaines choses ; et si on l’est

  1. C’est ainsi qu’on peut expliquer, suivant notre auteur, cette maxime de Socrate, ou plutôt de Platon, que ni l’intempérant, ni aucun homme, ne saurait agir contre ce qu’il sait avec certitude. Tout le raisonnement d’Aristote, dans ce chapitre, se réduit à ceci : I° La science se compose exclusivement de propositions générales et universelles, dont on fait ordinairement la majeure des syllogismes. 2° Les causes déterminantes des actions, sont les impressions des objets extérieurs, sur nos sens, toujours exprimées par des propositions singulières où particulières, et dont on fait la mineure des syllogismes. 3° Les actions sont conformes ou contraires à la raison, suivant qu’il y a ou qu’il n’y a pas accord entre la majeure et la mineure, c’est-à-dire suivant que l’impression sensible est ou n’est pas de nature à obscurcir la lumière de la science véritable, exprimée par les propositions universelles.