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Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/411

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soit naturelle, soit acquise par de bonnes habitudes, qui nous donne des opinions saines sur le principe de nos actions ; et celui qui en est à ce point est sobre et tempérant : le débauché est celui qui a les dispositions contraires. Mail il y a tel individu que la passion égare momentanément, et fait sortir de la route que prescrit la raison, sans pouvoir toutefois lui persuader qu’il est permis de s’abandonner sans réserve à la poursuite des plaisirs des sens ; celui-là est intempérant, mais moins dépravé que le débauché. Il n’est pas absolument vicieux : car ce qu’il y a de plus précieux, je veux dire le principe, subsiste encore en lui ; au lieu que, dans l’autre, ce n’est pas un simple égarement que la passion produit, mais c’est un système suivi de dépravation. On voit donc clairement par là qu’il y a d’un côté disposition vertueuse, et de l’autre habitude vicieuse.

IX. Cependant, faut-il appeler tempérant [ou plutôt maître de soi] celui qui persiste dans toute opinion ou résolution quelle qu’elle soit, ou seulement celui qui tient aux opinions et aux résolutions conformes à la raison ? Faut-il appeler intempérant [ou faible] celui qui ne persiste point dans une opinion ou résolution quelconque, ou seulement celui qui ne persiste point dans celles qui sont fondées sur la vérité et sur la raison ? questions qui se sont déjà offertes à notre examen[1].

  1. Ci-dessus, c. 2 de ce livre.