Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/412

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Ou bien, dirons-nous que celui-là est un homme ferme qui persiste dans une opinion ou détermination quelconque, seulement par accident, mais qui adopte invariablement et pour elle-même celle qui est conforme à la raison ; et que le caractère faible est celui qui persiste aussi par accident dans une détermination quelconque, mais qui ne sait pas demeurer fidèle à la raison et à la vérité ? En effet, si quelqu’un préfère une chose en vue de quelque autre, c’est celle-ci qu’il recherche ou préfère en elle-même, et ce n’est que par accident, ou par circonstance, qu’il recherche la première. Car, par ces mots en elle-même, je veux dire : simplement et absolument ; en sorte qu’il est possible que l’un persiste dans une opinion quelconque, et que l’autre s’en désiste, mais que ce soit, absolument et en définitif, l’opinion véritable que l’un adopte, et dont l’autre s’écarte.

Mais il y a des gens qui tiennent à une opinion, et qu’on appelle entêtés, c’est-à-dire, difficiles à persuader ou à ébranler dans leur conviction, et qui ressemblent, à certains égards, à celui que nous appelons tempérant ou ferme (comme le prodigue ressemble au libéral, et le téméraire à l’homme courageux), mais qui en diffèrent sous beaucoup d’autres rapports. Car ce n’est pas le désir ou la passion qui fait changer le tempérant, puisqu’au contraire, il changera volontiers d’opinion, quand il y aura lieu à le faire ; au lieu que ceux-ci ne veulent nullement céder à la raison, parce qu’ils sont préoccupés de quelque désir, et que la plupart