Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/426

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D’ailleurs, rien n’empêche qu’un certain plaisir ne soit ce qu’il y a de plus excellent, bien que certains plaisirs soient blâmables : de même qu’il y a telle science [qui peut être très-utile], quoiqu’il y en ait d’autres qui sont dangereuses. Peut-être même, quand les actes de toutes nos facultés s’exécutent sans obstacle (soit que cette activité de toutes constitue le bonheur, soit qu’il suffise pour cela de l’activité complète de quelqu’une d’entre elles) ; peut-être, dis-je, cette activité est-elle nécessairement ce qu’il y a de plus désirable, et peut-être que c’est là proprement la volupté, ou le plaisir ; en sorte qu’on pourrait dire qu’une certaine volupté est ce qu’il y a de plus excellent, quand même la plupart des plaisirs seraient absolument blâmables. Voilà pourquoi tout le monde s’imagine qu’une vie heureuse est en même temps agréable ; et c’est avec raison qu’on joint ordinairement ensemble les idées de plaisir et de bonheur. Car on ne saurait admettre que l’activité parfaite soit arrêtée par des obstacles ; or, le bonheur est au nombre des choses parfaites. Aussi a-t-on besoin, pour être heureux, des biens du corps, des biens extérieurs, et des faveurs de la fortune ou du sort, afin de pouvoir

    qui le plaisir semble un mal, ou qui puisse dire que ce qui s’appelle proprement plaisir, semble un mal. » (Paraphr.) Ajoutons à la citation de la note 2 du chapitre précédent, ces paroles d’Aulu-Gelle (l. 8, c. 7) : Speusippus, vetusque omnis academia, voluptatem et dolorem duo mala esse dicunt opposita inter se : bonum autem esse, quod medium utriusque foret.