Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/47

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fait d’exercer un grand pouvoir dans la république, de disposer à son gré de la vie et de la fortune des citoyens ? — Justement, ou injustement ? lui répond Socrate. — De quelque manière que ce soit, reprend le sophiste. — Assurément, dit Socrate, je ne regarde pas comme digne d’envie l’homme qui prononce une juste condamnation contre son semblable ; mais celui qui le condamne injustement me semble bien à plaindre. En un mot, il soutient, contre toutes les assertions et les exemples que lui oppose Polus, non seulement que c’est un plus grand malheur de commettre l’injustice, que de la souffrir ; mais que l’homme injuste, qui porte la peine de son crime, est moins malheureux que celui dont la conduite coupable, demeure impunie. Malgré toutes ses subtilités et son adresse, le sophiste est enfin forcé d’avouer que ce sont là les conséquences nécessaires des raisonnements dont lui-même a reconnu la justesse, ou du moins il ne trouve rien de solide à y répondre. C’est qu’il a aussi quelques ménagements à garder, et qu’un reste de pudeur l’empêche de soutenir jusqu’au bout une doctrine révoltante.

Alors un jeune athénien, que l’auteur nous présente comme l’enfant perdu du parti des sophistes, qui se passionne pour la doctrine de ses maîtres avec tout le zèle d’un adepte, entreprend de la dévoiler dans toute sa nudité : Sans doute, s’il avait été