Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/51

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et la force, il y a également pour l’ame un certain ordre, un certain équilibre de passions et de de sirs, en quoi consistent ses qualités les plus précieuses, la justice et la modération. D’où il faut conclure que, loin de placer, comme le fait Cahliclès, la perfection du bonheur de l’ame dans la satisfaction illimitée de toutes ses passions, on ne peut l’attendre que du soin qu’on prendra de la maintenir dans les bornes d’une salutaire modération, dût-on même recourir, pour cela, à des châtiments sévères, si ce remède devient nécessaire. Tel est le résultat auquel le jeune adepte de la doctrine des sophistes se voit amené, comme malgré lui, par une suite de questions auxquelles il lui a pourtant été impossible de répondre autrement qu’il n’a fait. L’entretien est terminé par ces belles paroles de Socrate : « Tu le vois, à présent, Calliclès, dit-il, quoique vous soyez ici trois des hommes estimés les plus habiles parmi les Grecs, Polus, Gorgias et toi, vous ne pouvez parvenir à démontrer que l’on doive suivre, dans la conduite de la vie, d’autres règles que celles que j’ai dites. Mais, au milieu de cette discussion, où tarit d’autres maximes ont été proposées et reconnues comme fausses, la mienne seule subsiste : c’est qu’il faut s’abstenir de commettre l’injustice avec encore plus de soin qu’on n’en met à éviter dé la souffrir, et s’appliquer sur-