Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/52

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tout, non pas à paraître vertueux, mais à l’être en effet dans toutes les circonstances de sa vie, soit privée, soit publique. Que si l’on est entaché de, quelque vice, on doit en être puni ; c’est là le plus grand bien dont on puisse jouir, après celui d’avoir toujours été juste, puisque c’est un moyen de le devenir. Que l’on doit sévèrement s’interdire toute flatterie, toute lâche complaisance pour soi-même, ou pour les autres, soit qu’ils composent une multitude nombreuse, ou qu’ils soient en petit nombre. Qu’enfin, on ne doit jamais employer le talent de la parole, et toutes ses autres facultés, qu’au maintien et à la défense de la justice. Voilà les règles qui doivent nous guider sans cessé. Suivons-les donc, mon cher Calliclès, et invitons les autres à s’y conformer. Mais gardons-nous d’adopter les maximes que tu me proposais tout-à-l’heure : car, en vérité, elles ne méritent pas qu’on s’y arrête un seul moment. »

Quoique Platon, comme nous l’avons fait remarquer, n’eût point considéré la morale comme une science à part et qu’on pût.traiter, séparément de la politique pu de la science sociale, cependant les sujets de morale, proprement dite, revierinent si souvent dans ses écrits, ils y occupent une place si considérable, ils y jettent un éclat si vif et si imposant, qu’il était impossible qu’on n’en fût pas