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LIVRE X.

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ARGUMENT.

I. Les sentiments de plaisir et de peine influent sur toutes nos déterminations. Le plaisir est-il un bien ou un mal ? Quelques philosophes ont soutenu qu’il est un mal, moins peut-être par conviction, que dans la persuasion qu’il y aurait quelque utilité à le faire envisager ainsi. Mais une assertion ne peut obtenir l’assentiment des hommes, que lorsqu’elle est d’accord avec les faits. — II. Eudoxe regardait le plaisir comme le souverain bien, ou le bien absolu, parce que tous les êtres animés le cherchent avec ardeur, et fuient avec non moins d’ardeur ce qui lui est contraire, c’est-à-dire, la peine ou la douleur. Platon essaya de combattre l’opinion d’Eudoxe par des arguments qui ne sont pas tout-à-fait décisifs. — III. On objecte, par exemple, contre la volupté, qu’elle n’est pas une qualité, qu’elle est génération, (c’est-à-dire, sans cesse aspirant à une existence complète, et n’y arrivant jamais) ; qu’elle est mouvement, et, par conséquent, toujours imparfaite. On fait, contre la volupté, d’autres objections, qui prouvent qu’on n’a considéré que les plaisirs des sens, et qu’on a négligé de tenir compte de ceux de l’intelligence. Peut-être, au reste, est-on autorisé à penser seulement qu’il y a des plaisirs désirables en eux-mêmes, mais qui diffèrent d’espèce, ou à raison des causes qui les produisent. — IV. On a tort de dire que le plaisir soit mouvement, ou génération : car cela ne saurait se dire que des choses qui sont divisibles et qui ne composent point un tout ; au lieu que le plaisir existe indépendamment de la condition du temps : celui qu’on