Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/553

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santé et le médecin ne sont pas des causes qui contribuent, en même manière, à la guérison.

Au reste, il est évident que le plaisir nous arrive par tous les sens, puisque nous appelons agréables certaines, sensations de la vue et de l’ouïe ; et il n’est pas moins évident qu’il sera d’autant plus vif que la sensation elle-même aura plus de vivacité, et qu’elle sera excitée par un objet de ce genre ; et tant que l’objet sensible et l’être capable de sentir seront dans une telle condition, le plaisir ne saurait manquer de naître, puisque la cause propre à le produire et l’être capable de l’éprouver seront en présence. Cependant, le plaisir ne rend pas l’action complète, comme le ferait une disposition innée, mais comme une fin, un complément qui survient [s’il le faut ainsi dire] comme la beauté chez ceux qui sont dans la fleuri de l’âge[1] ; et tant que l’objet des sens ou celui de l’intelligence d’une part, et de l’autre la faculté de juger, ou la faculté de contemplation, seront ce qu’ils doivent être, l’activité sera une source de plaisirs. Car l’être destiné à recevoir l’impression, et l’objet destiné à la

  1. L’auteur veut parler ici de ce degré de maturité, s’il le faut ainsi dire, dans le développement des formes, et dans l’effet résultant de l’ensemble des traits qui constituent la beauté, et qui ne se manifeste qu’à cette époque de la vie qu’on désigne chez nous par l’expression de fleur de l’âge, expression que nous avons empruntée de la langue latine. Par exemple, Velleius Paterculus (Hist. l. 2, c. 29) dit, en parlant de Pompée : Fuit huic forma excellens, non ea qua flos commendatur aetatis, sed ex dignitate constanti.