Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/577

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le plus de zèle, comme des hommes qui honorent et cultivent ce qu’ils aiment eux-mêmes. Or, il est évident que, c’est le sage surtout qui réunit toutes ces conditions ; il est donc celui que les Dieux chérissent plus que tous les autres hommes, et, par conséquent, il doit jouir de la plus grande félicité ; de sorte que, dans un tel état de choses, le sage surtout doit être heureux.

IX. Si nous en avons dit assez sur ce sujet, sur celui de la vertu, sur l’amitié et sur la volupté, pour en donner une idée sommaire et générale, devons-nous croire que nous ayons accompli notre dessein ; ou n’a-t-on pas raison de dire, quand il est question des facultés actives, que le but qu’on doit se proposer n’est pas de connaître et de considérer simplement chaque espèce d’actions, mais bien plutôt de se mettre en état de les pratiquer ? Car il ne suffit pas de savoir ce que c’est que la vertu, il faut la posséder et s’efforcer d’en faire usage. Ou bien, y aurait-il quelque autre manière de devenir homme de bien ? Assurément, si les discours suffisaient pour nous rendre vertueux, ils auraient droit à de grandes et magnifiques récompenses, comme dit Théognis[1], et il ne faudrait pas les leur refuser. Mais malheureusement ils n’ont de force que pour encourager et exciter les jeunes

  1. Voy. Theogn. Sentent, vs. 426. « Si Dieu, dit ce poète, avait accordé aux fils d’Esculape le don de guérir les vices et la pauvreté des hommes, quelles magnifiques récompenses ne mériteraient-ils pas ? »