Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/581

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celui qui vit en honnête homme et qui a des sentiments vertueux, saura se montrer docile à la voix de la raison : mais l’homme vicieux, adonné aux voluptés, doit être châtié comme un vil animal ; et c’est pour cela, dit-on, que l’on doit employer de préférence les peines qui sont le plus opposées aux plaisirs que recherche le coupable.

Au reste, si, comme je viens de le dire, il faut que l’homme destiné à devenir vertueux ait été élevé sagement, et ait contracté de bonnes habitudes ; s’il doit, de plus, continuer à mener une vie sage et réglée, sans jamais se permettre, à dessein ou malgré lui, aucune action répréhensible, cela ne peut se faire qu’autant que sa conduite sera assujettie aux lois de l’intelligence ou de l’esprit, et à un certain ordre appuyé de la force convenable. Or, l’autorité paternelle n’a point cette force irrésistible qui ressemble à la nécessité ; elle ne se trouve pas même dans l’autorité d’un seul individu, à moins qu’il ne soit roi, ou quelque chose de pareil : il n’y a que la loi qui soit revêtue de cette puissance coërcitive, puisqu’en général, on hait ceux qui s’opposent à nos désirs, même quand ils ont de justes motifs pour le faire ; au lieu que la loi n’excite aucun sentiment de haine, en prescrivant ce qui est honnête et sage. Mais ce n’est que dans l’état de Lacédémone que le législateur semble avoir donné quelque attention à l’éducation et aux occupations des citoyens[1], tandis que, dans la

  1. Voyez ce qu’Aristote dit ailleurs (Politique, l. 8, c. 1, § 3)