Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/582

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plupart des autres états, chacun vit comme il le juge à propos, donnant, comme chez les Cyclopes, sa volonté pour loi à son épouse et à ses enfants[1].

Une surveillance commune, un système d’éducation publique, est donc ce qu’il y a de meilleur, et surtout de pouvoir le mettre à exécution : mais, quand cette partie a été négligée dans les institutions publiques, il est convenable que chaque citoyen s’applique à rendre vertueux ses enfants et ses amis, ou au moins qu’il en ait l’intention ; et c’est à quoi il pourra, ce semble, réussir le mieux, d’après ce que nous venons de dire, en devenant lui-même capable de se faire législateur. Car les institutions communes s’établissent par des lois, et elles ne seront utiles et sages qu’autant que les lois elles-mêmes (écrites ou non écrites) seront bonnes. Et peu importe, qu’un individu ou un plus grand nombre soient formés et instruits par elles, comme dans la musique et dans la gymnastique, et dans tous les autres objets d’enseignement. Car, de même que dans les républiques ce sont les mœurs et les institutions légales qui ont une véritable force, ainsi, dans les familles, ce sont les mœurs et les préceptes paternels. Les liens du sang et les bienfaits leur donnent même encore plus d’autorité ; car la nature a préparé, pour ainsi dire,

    de la nourriture des enfants à Lacédémone. Voyez aussi Xénophon (De Lacedem. Rep. c. 2, § 2).

  1. Voyez l’Odyssée d’Homère, ch. IX, vs. 114.