Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/583

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les enfants à chérir la puissance paternelle, et à s’y rendre dociles.

Cependant, il y a encore une différence entre l’instruction donnée à chacun en particulier, et celle qui est commune à tous les citoyens, comme le prouve l’exemple de la médecine : car sans doute il est fort utile de prescrire, en général, la diète et le repos à un homme qui est tourmenté de la fièvre ; mais il y a peut-être tel individu à qui ce régime ne convient pas ; et l’athlète habile dans le pugilat ne conseillera peut-être pas également à tous ceux qui s’exercent en ce genre, d’adopter la même manière de combattre. Il semble aussi que chaque partie doit être traitée avec plus de précision, quand l’instruction est, pour ainsi dire, individuelle ; car chacun profite plus à part. D’ailleurs, un médecin, un maître de gymnastique, ou tout autre, donnera des soins très-utiles à un seul homme, s’il possède les principes généraux de son art, et s’il sait de plus ce qui convient à tels ou tels individus ; car les objets de la science sont appelés et sont, en effet, des objets généraux.

Il est possible, néanmoins, que, même sans avoir acquis des connaissances générales, l’on soit très-utile à quelque individu, seulement pour avoir observé attentivement les résultats des faits, et pour connaître par expérience chaque cas particulier, comme il arrive à certaines gens de pouvoir être d’assez bons médecins pour eux-mêmes, bien qu’il leur fût impossible d’être d’aucune ressource pour d’autres. Et quand on veut devenir habile dans la