Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/59

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portante matière, contient plusieurs vues du plus grand intérêt, et tout-à-fait neuves pour le temps où il a été composé. L’influence de l’habitude sur nos déterminations, en sorte que la vertu peut être envisagée comme un système d’habitudes bien réglées, et le vice comme un système de mauvaises habitudes, est un fait dont l’observation appartient à ce philosophe, qu’il a exposé et développé de manière à en faire sentir toute l’importance. La question de la liberté morale, ou, pour parler son langage, de ce qu’il y a de volontaire et d’involontaire dans nos actions, est aussi traitée par lui avec plus de clarté et de solide raison qu’elle ne l’avait été jusqu’alors. Il l’a résolue autant qu’elle peut l’être, et l’on doit peut-être avouer que tout ce qui a été écrit depuis sur le même sujet n’est guère plus satisfaisant, et l’est souvent beaucoup moins que ce qu’en dit Aristote. Il a encore eu le mérite de démêler avec plus de précision qu’on ne l’avait fait avant lui, le rôle important et inévitable que jouent les sentiments de diverses espèces dans toutes nos déterminations, sans méconnaître la prééminence naturelle et nécessaire que l’on doit accordera la raison[1]. Platon

  1. En y réfléchissant avec attention, l’on peut se convaincre qu’il n’y a aucun fait de notre nature morale et intellectuelle, qui ne soit accompagné de quelque