Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/61

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gine dans le sentiment naturel de l’égalité, dans les notions de rapport et de proportion qui en dérivent ; il établit entre la justice et l’équité une distinction aussi neuve que solide et importante, en faisant voir, dans l’une de ces idées, le complément naturel et nécessaire de l’autre, et comment l’équité modère ou tempère, dans l’application, ce que là justice purement abstraite, et telle qu’elle est énoncée dans les termes, généraux des lois, pourrait avoir de trop rigoureux ou même de véritablement injuste, dans certains cas. Et quoiqu’on puisse ne pas approuver les formes trop géométriques sous lesquelles Aristote présente sa doctrine sur ce sujet, elle n’en est pas moins remarquable par la justesse et l’originalité des vues, par leur généralité, et par l’étendue dès conséquences qu’il en tire.

Ces conséquences même étaient tellement audessus des notions vulgaires, en ce genre, qu’on n’a su en tirer des résultats pratiques, ni de son temps, ni bien des siècles après : lui. En effet, dans le coup d’œil rapide mais profond qu’il jette sur les effets de la justice dans les sociétés politiques, en indiquant l’origine de la monnaie, la nature et Futilité des services qu’on en tire, il pose, pour ainsi dire, en passant, les premiers fondements d’une science importante, l’économie politique, qui ne devait naître que dans nos temps modernes.