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Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/62

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Et, ce qui prouve que ses idées sur ce sujet ne sont pas un simple soupçon, une pensée vague ou fugitive, c’est qu’il y est revenu d’une manière plus expresse, et qu’il lui a donné plus de développement dans son traité de la politique. Sans doute, ni Adam Smith, ni M. Say, n’ont puisé dans les écrits du philosophe grec les ingénieuses et savantes théories dont ils ont enrichi leur siècle et leur pays, la gloire leur en appartient bien exclusivement, mais c’est toujours un fait curieux à remarquer que le génie d’Aristote eût constaté, il y a plus de vingtdeux siècles, l’un des faits importants qui servent de base à une science tout entière.

Dans les deux derniers livres du traité que nous publions, le philosophe grec, sous le nom d’amitié, dont il généralise encore l’idée, d’une manière qui lui est propre’, embrasse une partie des considérations importantes qui ont été présentées par le philosophe écossais que je viens de citer, dans son ingénieux ouvrage intitulé : Théorie des sentiments moraux. On voit qu’Aristote a nettement aperçu l’étendue et la fécondité de ce genre d’observations, et peut-être ne lui a-t-il manqué que de les rattacher ou de les fondre plus intimement avec ses autres vues sur l’habitude, la raison et la sensibilité, pour en faire un système de morale plus complet et plus satisfaisant que celui que nous devons à l’écrivain anglais ; quoique, d’ailleurs, celui-ci l’emporte