Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/78

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la santé, et, en général, tout ce qui ne dépend pas de la volonté ; ils se voyaient pourtant forcés de reconnaître que, parmi ces choses indifférentes, il y en avait quelques-unes que l’on préférait naturellement, tandis qu’on en rejetait d’autres, et ils se contentaient de diviser la classe des choses indifférentes, en deux autres classes, celle des choses préférables et celle des choses qu’il faut éviter ou rejeter ; ce qui n’était presque pas même sauver la contradiction dans les termes, puisqu’on ne préfère pas ce qui est indifférent :

Comme il n’y a point de milieu ou de moyen terme entre le vice et la vertu, entre ce qui est

    allemande de la Morale d’Aristote, par Garve, p. 222 et suiv. On voit que s’il est de la destinée des systèmes de morale où la sensibilité seule est prise pour base, d’être imparfaits, pour ne pouvoir donner un solide appui à la vertu ; c’est également le sort des systèmes où la raison seule est admise comme principe, à l’exclusion de la sensibilité, de conduire à des paradoxes dont le bon sens le plus vulgaire ne saurait manquer d’être choqué. Cependant, il ne faut pas se hâter de condamner sans restriction ces doctrines absolues (comme on dit) : il y a, dans leur exagération même, un fonds de vérité d’observation, qui, rapporté à sa véritable cause dans la nature de nos facultés, ne saurait qu’enrichir la science, en même temps qu’il lui donne plus de grandeur et plus de dignité.