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Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/79

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conforme à la droite raison et ce qui y est contraire, les stoïciens en concluaient que toutes les fautes sont égales, et aussi toutes les vertus, doctrine qui peut conduire, dans certains cas, aux plus grands égarements, et qui, dans la législation, aurait les conséquences les plus funestes.

Suivant ces philosophes, les passions ne sont que des maladies ou des infirmités de la raison, des erreurs du jugement, produites par quelque opinion fausse, par quelque préjugé résultant d’une appréciation inexacte de ce que la raison nous prescrit de désirer ou de craindre. Par conséquent, l’homme vertueux doit être entièrement exempt de passion, n’éprouver jamais ni peine, ni plaisir, pour aucune autre cause que pour les actions qu’il a entièrement dépendu de lui de faire ou de ne pas faire ; tout le reste doit être abandonné à la direction suprême de la providence qui a assigné à chaque partie du grand tout sa place et son rôle. Tout le mérite du sage consiste à reconnaître celui qui lui est assigné, et à le remplir, sans s’inquiéter des résultats ou des conséquences.

Mais ce sage des stoïciens, insensible à la douleur et aux chagrins, quels qu’ils soient, aussi bien qu’aux plaisirs ou à la volupté, quel qu’en puisse être l’attrait ; bravant tous les maux qui peuvent épouvanter les âmes vulgaires, dédaignant tous les biens dont elles sont ordinairement séduites ; pour