Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/8

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quelles sont les plus conformes à notre nature, les plus propres à lui procurer le bonheur dont elle est susceptible, fut appelée la Morale dogmatique ou théorique. C’est ce que remarque expressément Cicéron : « Tout ce qui concerne les devoirs, dit-il, consiste en deux sortes de recherches : l’une, qui a pour objet la connaissance du souverain bien ; l’autre, celle des préceptes applicables, dans tous les cas, à la conduite ou à la pratique de la vie[1].

Il est facile, au reste, de comprendre que, dans tous les arts et dans toutes les sciences, dont se compose la connaissance humaine, la pratique a dû précéder de beaucoup la théorie ; surtout dans les arts qui sont le plus indispensables au bonheur et même à l’existence de l’homme et des sociétés. Ainsi, dans la morale, des maximes générales, fort importantes, des préceptes applicables aux circonstances les plus ordinaires de la vie, ont dû se répandre et se propager de toutes parts parmi les hommes, bien longtemps avant qu’il pût exister une théorie quelconque de la science des mœurs, ou un traité méthodique des devoirs.

  1. Omnis de officio duplex est quæstio. Unum genus est, quod pertinet ad finem bonorum : alterum, quod positum est in præceptis, quibus in omnes partes usus vitæ conformari possit. (Cic. De Offic, 1, I, c. 3.)