Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/9

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Ces préceptes, ces maximes, qu’on retenait d’autant plus facilement qu’elles étaient exprimées dans un langage plus figuré, plus énergique, se représentaient à la mémoire toutes les fois que quelque circonstance en rappelait la justesse ou l’utilité ; et l’on ne manquait pas de les reproduire dans les fêtes où l’on célébrait quelque événement heureux, dans les solennités religieuses ; en un mot, dans toutes les occasions qui pouvaient donner lieu à un rassemblement général des membres d’une même société. Aussi les retrouve-t-on dans les chants de triomphe, et dans ceux qui étaient destinés à rappeler le souvenir de quelque grande calamité. On les inscrivait sur les monuments publics, particulièrement dans les temples ; et l’effet qu’elles devaient produire sur les esprits est parfaitement exprimé par ces paroles de Salomon, dans l’Ecclésiaste : « Les maximes des Sages sont comme des aiguillons, comme des clous qui pénètrent profondément[1]. » C’est-à-dire qu’elles réveillent vivement l’attention, et que l’impression ne s’en efface que très difficilement.

Souvent les vérités morales furent présentées aux hommes sous des formes moins simples et moins directes, mais qui n’en étaient pas moins propres à

  1. Dicta sapientum sicut stimuli, et quasi clavi in altum defixi’. (Ecclesiast. c. 12, vs. II. )