Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/81

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fondateur, et ce que ses successeurs peuvent y avoir ajouté. Il sera plus utile peut-être d’en comparer les résultats avec les causes qui lui donnèrent naissance, parce qu’un pareil rapprochement est plus propre à jeter quelque lumière sur la science des mœurs, en général, et sur la nature même de l’esprit humain considéré par rapporta cet ordre d’idées.

En effet, c’est à l’époque où les généraux d’Alexandre, se disputant les débris du vaste empire qu’il avait conquis, désolaient tous les états et toutes les villes de la Grèce et de l’Asie, par les fureurs d’une ambition effrénée ; c’est dans ces temps déplorables où nul homme ne pouvait se croire à l’abri des traitements les plus barbares, de l’esclavage ou d’une mort violente et cruelle’, qu’on vit naître les deux systèmes opposés dont nous venons de parler. Fatigués du spectacle de tant de maux, et des vengeances horribles qu’exerçaient les unes contre lés autres les factions, tour à tour victorieuses et vaincues, qui divisaient toute la Grèce, les esprits sentaient le besoin du repos, et né pouvant le trouver dans l’ordre de choses qui existait autour de soi, on le cherchait dans des opinions. Épicure le faisait consister dans une volupté qu’il déclarait incompatible avec l’excès des passions de tout genre ; et Zenon, dans Une perfection morale, dont le résultat devait être,