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Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/82

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suivant lui, de les anéantir toutes ; il exigeait de l’homme des vertus au dessus de l’humanité, afin que son courage pût s’élever au niveau des circonstances désastreuses où il se trouvait placé.

Mais si l’un de ces philosophes parvint, en effet, à modérer, chez ses véritables sectateurs, la fougue des passions les plus nuisibles au bonheur de la société, en les isolant, autant qu’il était possible, de la scène des événemens politiques, où ces passions se manifestent avec le plus de fureur et d’énergie ; l’autre, au contraire, en précipitant, s’il le faut ainsi dire, ses disciples, au milieu de ces mêmes événements, en les embrasant d’une généreuse sympathie pour les souffrances de leurs semblables, lorsque la voix inflexible du devoir leur commandait de les secourir, parvint à exalter chez eux la plus noble de toutes les passions, celle de la vertu. Aussi le véritable stoïcien, témoin de la vie calme et des jouissances paisibles de l’épicurien, de sa conduite timide et réservée, pouvait dire, comme Hercule contemplant la statue d’Adonis : « Il n’y a là rien de divin. »

Aussi, lorsque la philosophie fut transportée, avec les autres arts de là Grèce, chez les Romains, la doctrine morale de Zenon compta-t-elle parmi ses sectateurs les hommes d’état les plus dévoués au bonheur et à la gloire de leur patrie ; Caton et Brutus, les derniers et les plus illustres défenseurs