Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/93

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ment heureux ceux qui ne le seraient pas, ni changer le sort, ou détruire la félicité de ceux qui le seraient — XII. Enfin, le bonheur est-il du nombre des choses qu’on loue, ou de celles qui inspirent un sentiment de respect et de vénération ? Il est facile de voir qu’il est plutôt dans ce dernier cas. — XIII. C’est le bonheur purement humain, ou le bien propre à la nature humaine, qui a été l’objet de nos recherches. Il consiste dans l’exercice de la vertu ; et celle-ci se rapporte aux facultés intellectuelles, et non aux facultés corporelles. Il faut donc que l’homme versé dans la science politique, ou qui est appelé à pratiquer la vertu dans son plus haut degré, ait acquis, sinon une connaissance approfondie de l’âme et de ses facultés, au moins des notions exactes sur ce sujet.



I. TOUT art, toute recherche, et pareillement toute action, toute préférence ou détermination raisonnée, semble se proposer pour but quelque bien ; aussi a-t-on eu raison de dire que le bien est la fin vers laquelle tendent tous les efforts et tous les vœux. Cependant il y a des différences entre les fins qu’on se propose : quelquefois ce sont les actes eux-mêmes, d’autres fois c’est l’œuvre, ou le produit de ces actes. Dans ce dernier cas, l’œuvre a naturellement plus de prix ou d’importance que l’acte lui-même. Mais comme il y a un grand nombre d’actions diverses, d’arts et de sciences, il y a aussi une grande diversité dans les buts que chacune de ces choses est destinée à atteindre. Ainsi le but de la médecine, c’est la santé ; celui de l’architecture navale, c’est le navire ; celui de la stratégie,