Page:Aristote - Physique, II (éd. O. Hamelin).djvu/17

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chercherions l’essence du camus et, par conséquent, des objets de cette sorte ne sont ni sans matière ni pourtant considérés sous leur aspect matériel.

Mais quoique cela soit ainsi, on pourrait continuer de se demander, la nature étant double, de laquelle s’occupe le physicien ou si c’est du composé des deux. Que si c’est du composé des deux, par là même il s’occupe de l’une et de l’autre. La question revient donc à savoir si c’est à une seule et même science, la physique, qu’il appartient de connaître l’une et l’autre. A regarder les anciens, il semblerait que la physique portât sur la matière, car seuls Empédocle et Démocrite se sont un peu attachés à la forme et à la quiddité. Mais s’il est vrai que l’art imite la nature et que quand il s’agit des choses artificielles un même savoir connaisse la forme et la matière dans certaines limites (par exemple c’est au médecin de connaître la santé, puis la bile et le flegme desquels est faite la santé ; pareillement, c’est à celui qui exerce le métier de bâtir de connaître la forme de la maison et que sa matière consiste en tuiles et en bois ; ainsi également pour les autres arts), alors il doit appartenir à la physique de connaître les deux natures.

En outre, c’est de la même science que relèvent ce qu’on a en vue ou la fin et ce qui est en vue de la fin. Or la nature est fin, est chose qu’on a en vue (en effet, là où il y a un terme pour un mouvement continu, et tels sont les mouvements naturels, ce terme est fin, est quelque chose qu’on a en vue. Aussi le poète est-il ridicule quand il va jusqu’à dire : « Il a atteint le terme final en vue duquel il était né. » Car ce n’est pas toute espèce de terme qui prétend être une fin, c’est seulement celui qui est le meilleur), pendant que, d’autre part, les arts font leur matière, les uns la faisant absolument, les autres l’appropriant à leurs