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Page:Aristote - Physique, II (éd. O. Hamelin).djvu/20

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En un dernier sens, on appelle cause la fin, je veux dire la chose qu’on a en vue : ainsi la santé est la cause de la promenade. En effet, pourquoi la promenade ? C’est, disons-nous, afin d’avoir la santé et, en parlant de cette manière, nous croyons avoir indiqué la cause. Et nous croyons avoir indiqué du même coup celle de toutes les choses qui, mises en mouvement par une autre chose encore, sont intermédiaires entre ce moteur et la fin, comme sont intermédiaires entre le moteur et la santé l’amaigrissement, la purgation, les remèdes, les instruments : [195a] car toutes ces choses sont en vue de la fin et ne diffèrent entre elles que parce que les unes sont des actions et les autres des instruments.

Tel est donc vraisemblablement le nombre des acceptions dans lesquelles on prend les causes. Mais, par suite de cette pluralité de sens, il arrive qu’une même chose ait plusieurs causes et cela non par accident : ainsi, pour la statue, la statuaire et l’airain, et cela non en tant que la statue est autre chose, mais en tant que statue ; seulement il y a une différence : l’une de ces choses est cause comme matière, l’autre comme ce dont vient le mouvement. Il y a même des choses qui se trouvent être mutuellement causes l’une de l’autre ; ainsi, les exercices pénibles sont cause du bon état du corps et celui-ci est cause des exercices pénibles ; seulement ce n’est pas dans le même sens : l’une de ces choses est cause comme fin, l’autre comme principe du mouvement. Enfin, la même chose est cause des contraires ; et, en effet, ce qui par sa présence est cause de tel effet, nous en regardons quelquefois l’absence comme cause de l’effet contraire ; ainsi, l’absence du pilote est la cause du naufrage, alors que sa présence eût été cause du salut du bateau.

Quelles que soient d’ailleurs les diverses nuances que