Page:Aristote - Physique, II (éd. O. Hamelin).djvu/38

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Des erreurs se produisent bien jusque dans les choses que l’art exécute : le grammairien écrit quelquefois incorrectement et le médecin administre mal à propos sa potion ; [199b] ainsi il est évident qu’il peut également se produire des erreurs dans les choses que la nature exécute. Si donc il y a des productions de l’art dans lesquelles ce qui est bien a été fait en vue de quelque chose, tandis que, pour ce qui est erroné, cela a été entrepris en vue de quelque chose, mais a manqué le but, de même en doit-il être dans les choses naturelles, et les monstres sont des erreurs de cette dernière espèce de la causalité agissant en vue de quelque chose. Et, par conséquent, pour ce qui est de la constitution des animaux du début, si les bovins d’Empédocle ont été incapables d’aller jusqu’à un certain terme et une certaine fin, c’est qu’ils avaient été produits par un principe vicié, comme maintenant les monstres le sont par un germe vicié ; puisqu’il est nécessaire que ce soit le germe qui soit produit d’abord et non tout de suite les animaux ; et le « d’abord des ébauches indistinctes », c’était le germe.

En outre, dans les plantes mêmes, il y a des dispositions prises en vue de quelque chose ; elles sont seulement moins marquées. S’est-il donc produit parmi les plantes des sortes de vignes à tête d’olivier comme les bovins à faces d’hommes ; ou bien ne s’en est-il pas produit ? Dire qu’il s’en est produit eût été absurde certes, et pourtant il fallait qu’il s’en produisit, puisqu’il y a eu de tels monstres chez les animaux.

En outre, il faudrait que les produits des germes fussent sans règle. Mais celui qui parlerait ainsi supprimerait d’une manière générale les productions de la nature et la nature. Car sont productions de la nature toutes les choses qui, mues d’une façon continue par un principe