Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/127

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connaît pas le pays), de façon que l’on puisse, si une garnison est trop faible, la renforcer ; plus que suffisante, la réduire, et défendre, de préférence, les postes les plus avantageux.

XI. Au sujet de l’alimentation, il faut savoir quelle dépense elle imposera à l’État, quelle quantité de subsistances pourra être fournie par le sol, ou devra être demandée à l’importation ; quelles matières donneront lieu à l’exportation ou à l’importation, afin de conclure des conventions et des marchés dans cette vue[1]. En effet, il est nécessaire de maintenir les citoyens sans reproche à l’égard de deux sortes de peuples : ceux dont les forces sont supérieures, et ceux qui peuvent rendre des services en fait de transactions de ce genre.

XII. Il est nécessaire de pouvoir porter son attention sur tous ces points pour la sûreté de l’État ; mais il n’est pas d’une minime importance de bien s’entendre à la législation, car c’est dans les lois que réside le salut du pays. Aussi est-il nécessaire de savoir combien il y a d’espèces de gouvernements, quels sont les avantages de chacun d’eux, quelles causes de destruction ils possèdent soit en eux-mêmes, soit du fait de leurs adversaires. Or je dis « en eux-mêmes », parce que, le meilleur gouvernement mis à part, tous les autres périssent par suite ou du relâchement, ou de la tension portés à l’extrême. Ainsi la démocratie devient plus faible non seulement en se relâchant, au point qu’elle en arrive finalement au régime oligarchique, mais tout autant lorsqu’elle est fortement tendue ; de même que non seulement si

  1. Πρὸς ταῦτα. Divers manuscrits et les éditions donnent Πρὸς τοὔτους « avec tels ou tels ». Buhle traduit en latin πρὸς τούτους, mais dans les notes il préféra la leçon πρὸς ταῦτα.