Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la nature. Ainsi la santé a pour cause l’art, tandis que la beauté, la belle taille, dépendent de la nature. Mais, généralement, les avantages qui nous viennent de la fortune sont de nature à provoquer l’envie. La fortune est la cause des biens indépendants de la raison ; comme, par exemple, si, dans une famille, un frère est beau et que tous les autres soient laids, ou bien qu’un d’entre eux ait trouvé un trésor demeuré inconnu des autres, ou encore, si un trait a touché un individu placé à sa portée, et non pas tel autre, ou enfin, si un tel, se rendant perpétuellement en un lieu, est le seul à se trouver absent (au moment du danger), tandis que les autres, pour une seule fois qu’ils ont été présents, ont été mis en pièces.

XVIII. Quant à la vertu, comme c’est un lieu très propre aux louanges, nous aurons à développer ce sujet lorsque nous traiterons de la louange[1]. Voilà donc, évidemment, ce que l’on doit avoir en vue, soit que l’exhortation ou la dissuasion concerne des faits futurs, ou présents ; car, suivant le cas[2], les arguments sont pris pour tout cela en sens contraire.

CHAPITRE VI


De l’honnête et de l’utile.


I. Comme le but que se propose celui qui délibère est futile, et que le débat porte non pas sur la fin que l’on a en vue, mais sur les moyens qui conduisent à cette fin ; que ces moyens résident dans les


  1. Plus loin, chap. IX.
  2. Suivant que l’on veut exhorter ou dissuader.