Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/137

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VI. Les vertus sont nécessairement un bien. En effet, elles causent la bonne disposition de ceux qui les possèdent, et elles engendrent, elles pratiquent les choses bonnes[1]. Nous aurons à parler séparément de chacune d’elles, de sa nature et de sa qualité.

VII. Le plaisir est un bien, car les êtres animés le recherchent, chacun suivant sa nature. C’est pourquoi les choses agréables et les choses honorables sont bonnes, les premières causant du plaisir, et, parmi les choses honorables, les unes ayant cet effet et les autres devant être préférées pour elles-mêmes.

VIII. Pour entrer dans le détail, voici les choses nécessairement bonnes : le bonheur ; c’est un bien à rechercher pour lui-même, qui se suffit en soi, et dont la poursuite inspire un grand nombre de nos déterminations.

IX. La justice, le courage, la tempérance, la magnanimité, la magnificence et les autres dispositions morales de même nature ; car ce sont là autant de vertus de l’âme.

X. La santé, la beauté et les biens analogues ; ce sont là des vertus corporelles qui produisent un grand nombre de faits. La santé, par exemple, procure le plaisir et la vie ; c’est pour cela qu’on la regarde comme le plus grand bien, étant l’élément des deux biens le plus appréciés en général, le plaisir et la vie.

XI. La richesse, qui est la vertu de la propriété et un puissant moyen d’action.

XII. L’ami et l’amitié. L’ami est un bien à rechercher pour lui-même et un puissant moyen d’action.

XIII. Les honneurs, la renommée. On y trouve tout ensemble un agrément et un puissant moyen

  1. Sur la différence de ποιητικαί et de πρακτικαί, voir la Politique d’Aristote, éd. Bekker, p. 1254 a.