Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/182

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infligée ne consiste qu’en affronts. et ceux qui trouvent, au contraire, dans le mal qu’ils ont fait, l’occasion de recevoir des louanges ; par exemple, s’il arrive que l’on venge tout ensemble et son père et sa mère, ce qui était le cas de Zénon[1], tandis que la peine est une amende, ou l’exil, ou quelque chose d’analogue. En effet, les uns et les autres causent un préjudice ; ils ont leurs situations respectives, seulement ils ne sont pas, les uns et les autres, dans le même cas, mais plutôt dans un cas opposé au point de vue de leur moralité.

XI. De même encore ceux qui ont agi souvent sans être découverts ou sans subir de peine ; ceux qui ont souvent échoué dans leurs tentatives. En effet, il arrive souvent, à certaines personnes qui seraient dans de telles conditions, ce qui arrive à celles qui prennent part à des opérations militaires, d’être disposées à revenir à la charge.

XII. De même ceux pour qui l’action immédiate est agréable, et fâcheux l’effet ultérieur ; ou encore ceux pour qui le profit est immédiat et la punition différée, car de tels gens sont intempérants : or l’intempérance porte sur tout ce que l’on désire passionnément.

XIII. De même ceux pour qui, au contraire, l’ennui ou la punition survient immédiatement, tandis que le plaisir ou le profit doivent leur venir plus tard et durer plus longtemps ; car ce sont les gens tempérés et de plus de sens qui poursuivent un tel but.

XIV. Ajoutons-y ceux auxquels il peut arriver de paraître agir comme par hasard ou par nécessité, ou par un mobile naturel, ou enfin par habitude, et, au résumé, commettre une erreur plutôt qu’une injus-

  1. Allusion à un fait inconnu.