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LA RHÉTORIQUE

Mais cette loi générale s’étend par tout le vaste éther et aussi par la terre immense.

De même Alcidamas, dans son discours Messénien[1].

III. Par rapport aux personnes, la détermination de la loi se fait de deux manières ; car c’est tantôt par rapport à la communauté, tantôt par rapport à un de ses membres que se produisent les choses qu’il faut faire ou ne pas faire. C’est pourquoi il y a deux manières de commettre des injustices et d’accomplir des actes de justice, soit par rapport à un certain individu, soit par rapport à la communauté. En effet, celui qui commet un adultère, et celui qui se livre à des voies de fait, cause un préjudice à certain individu, tandis que celui qui se soustrait au service militaire nuit à la communauté.

IV. Cette distinction établie entre tous les actes d’injustice, les uns visant la communauté, les autres tel ou tel individu, ou groupe d’individus, nous ajournerons l’explication de l’acte d’injustice et donnerons toutes les autres.

V. Le fait d’être préjudicié consiste à subir l’injustice de la part de gens qui la font éprouver de propos délibéré ; car on a établi, plus haut[2], que le fait injuste est un acte volontaire.

VI. Mais comme il arrive nécessairement, que celui qui est préjudicié subit un dommage et qu’il le subit involontairement, on voit clairement, d’après ce qui

  1. La phrase d’Alcidamas, que nous a conservée le scoliaste mérite d’être rapportée ici : Ἐλευθέρους ἀφῆκε πάντας ὁ Θεός. δοῦλον δ’ οὐδένα ἡ φύσις πεποίηκε. La Divinité a laissé libres tous les hommes, et la nature n’a rendu personne esclave. Voir, sur ce fragment, Vahlen Der Rhetor Alkidamas, dans les Sitzungsberichte der K. Akademie der Wissenschafte, t. XLIII, Wien, 1863, p. 504.
  2. Chap. X, § 3.