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qui excite ce sentiment en nous ; or nous supposons que c’est aux victimes d’une injustice que la volonté divine sera secourable.

XXII. De même lorsque, se livrant à un premier effort, on se croit à l’abri d’épreuves présentes, ou futures, et que l’on compte sur le succès.

Nous nous sommes expliqué sur les choses qui inspirent de la crainte et sur celles qui donnent de l’assurance.


CHAPITRE VI


De quoi avons-nous honte et n’avons-nous pas honte ? — Devant qui avons-nous honte ? — Dans quelle disposition avons-nous honte


I. Quelles sont les choses dont nous avons honte et celles dont nous n’avons pas honte ; devant qui et dans quelle disposition éprouvons-nous ce sentiment, c’est ce que l’on va rendre évident.

II. La honte sera une peine occasionnée par celles des choses fâcheuses, ou présentes, ou passées, ou futures, qui paraissent donner de nous une mauvaise opinion. L’impudence sera une sorte de mépris et d’indifférence à cet égard.

III. Si la honte est telle que nous l’avons définie, il s’ensuit nécessairement que l’on a honte à propos de celles des choses fâcheuses qui paraissent laides, soit à nous-mêmes, soit à ceux dont l’opinion nous touche. À cette classe appartiennent toutes les actions dérivant d’un vice par exemple, jeter son bouclier ou prendre la fuite ; car c’est là un effet de la lâcheté ; soit encore, garder frauduleusement un dépôt confié, car c’est là un effet de l’improbité.