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CHAPITRE VII


Des personnes à qui l’on fait une faveur. — Des motifs de la faveur accordée. — De la disposition d’esprit de ceux qui l’accordent.


I. À qui fait-on une faveur ; à quel titre ; dans quel état d’esprit la fait-on, c’est ce que montrera clairement la définition de la faveur.

II. La faveur sera donc ce dont une personne qui possède est dite gratifier celui qui a besoin, non pas en retour d’autre chose, ni dans l’intérêt de celui qui gratifie, mais dans l’intérêt pur et simple de celui qui reçoit cette faveur.

III. La faveur est importante si ceux qui la reçoivent ont de grands besoins ; si l’objet en est considérable et difficile à obtenir ; si elle est accordée dans des circonstances graves et délicates ; enfin, si l’auteur de cette faveur est seul à agir ou le premier ou le principal.

IV. Les besoins sont des appétits, et au premier rang sont ceux auxquels se joint le chagrin de la privation. Il en est ainsi des désirs passionnés, de l’amour, par exemple, et dans les souffrances physiques, dans les dangers. En effet, celui qui court un danger éprouve un désir passionné ; de même celui qui est dans l’affliction. Aussi ceux qui sont plongés dans la misère ou vivent dans l’exil trouvent-ils un bienfait dans le service, si minime que ce soit, qui leur est rendu, eu égard à l’étendue de leurs besoins et à leur