Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mée, les orateurs, et tous ceux qui possèdent un pouvoir analogue.

VI. Ceux dont un grand nombre de gens voudraient avoir la situation[1], recherchent la société ou l’amitié ; ceux qui provoquent une admiration générale, ou la nôtre propre.

VII. Ceux dont l’éloge et les louanges sont célébrés par les poètes ou les logographes. On méprise ceux qui sont dans les conditions contraires, car le mépris est le contraire de l’émulation, le fait d’avoir de l’émulation le contraire de celui de mépriser ; et la conséquence nécessaire, c’est que ceux qui éprouvent un sentiment d’émulation, ou ceux qui l’inspirent, sont portés à mépriser les personnes et les choses dans lesquelles on trouve les inconvénients contraires aux avantages qui font naître l’émulation. C’est ce qui fait que l’on méprise souvent ceux qui ont du bonheur, lorsque la chance leur arrive sans être accompagnée de biens honorables.

Voilà ce que nous avions à dire pour exposer les moyens par lesquels peuvent être excitées et dissipées les passions dont se tirent les preuves.

  1. Littéralement, ceux à qui un grand nombre de gens voudraient être semblables. Aristote a dit plus haut (X, 2) ce qu’il entend par ὀμοιοι. Il s’agit plutôt, ici, d’une similitude de condition que de caractère.