Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/26

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grecs, donna aussi, en 1837, une édition de ce traité avec traduction française. Spengel dit de la première : quam hic referamus indigna est », et renvoie à la critique qu’il en a faite à Munich (Gelehrte Anzeigen, 1840, t. X, p. 49). Quant à la traduction, M. J.-P. Rossignol ne l’a pas ménagée davantage dans le Journal des savants (octobre 1840, septembre 1842 et février 1843).

M. Norbert Bonafous publia, en 1856 (Paris, Aug. Durand, in-8o), la Rhétorique, accompagnée d’un riche commentaire et d’une nouvelle traduction qui laissait bien loin derrière elle toutes les précédentes. Pour la première fois, le texte était serré de près, mais nous avons dit plus haut que ce système, appliqué dans toute sa rigueur, n’était pas, du moins à notre avis, sans inconvénient.

La traduction donnée, en 1870, par M. Barthélémy-Saint Hilaire est d’une lecture facile et agréable, mais encourrait plutôt la critique opposée. Elle avoisine la paraphrase.

Mais à quoi bon, diront quelques-uns, une nouvelle traduction de la Poétique d’Aristote et de sa Rhétorique ? Ne sont-elles pas assez nombreuses, assez variées ? Tous les systèmes d’interprétation n’ont-ils pas leurs représentants autorisés ?

Il y a deux manières de traduire les ouvrages techniques de l’antiquité. L’une consiste à faire passer dans notre langue toute la pensée et jusqu’aux expressions de l’auteur traduit, avec un tel souci de la fidélité littérale, que l’on retrouve, dans le texte français, le génie même du texte original. L’effet produit répond rarement au but proposé. Rien ne le prouve mieux que la traduction latine des auteurs grecs. Leur moindre défaut est de laisser subsister l’obscurité de ces auteurs. Elle ne fait, pour ainsi dire, que transformer la difficulté de les comprendre. L’autre manière, qu’on pourrait appeler la manière littéraire, c’est d’habiller l’auteur ancien à la française, de substituer à son style celui du traducteur, de remplacer les termes et les images, la structure des phrases et les périodes par des termes, des images, des périodes qui n’appartiennent qu’à notre idiome et à nos habitudes. Le lecteur est séduit par la clarté qui