Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/314

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car si le fait a lieu plusieurs fois, il n’en sera que plus vraisemblable.

XII. On résout aussi les signes et les enthymèmes énoncés par signes, mais s’ils répondent à une réalité, comme on l’a expliqué au livre premier[1]. En effet, que tout signe soit privé du caractère syllogistique, nous l’avons fait voir clairement dans les Analytiques[2].

XIII. Pour les arguments fondés sur l’exemple, la solution est la même que pour les choses vraisemblables. En effet, si nous avons un fait qui ne se soit point passé de même, il y aura eu solution fondée sur ce que le fait n’est pas nécessaire, ou bien qu’il s’en est produit plusieurs et plusieurs fois d’une autre façon ; mais, s’il s’en est produit plusieurs et plusieurs fois dans les mêmes conditions, il faut contredire en alléguant que le fait actuel n’est pas semblable, ou ne se produit pas dans les mêmes conditions, ou que, du moins, il y a différence par quelque côté.

XIV. Quant aux preuves matérielles (τεκμήρια) et aux enthymèmes qu’elles servent à former, on ne pourra les résoudre en alléguant leur caractère non syllogistique. C’est encore un point que nous avons mis en lumière dans les Analytiques[3]. Reste la solution qui sert à montrer que le fait énoncé n’existe pas ; or, s’il est manifeste et que ce fait existe et qu’il y en a une preuve matérielle, il devient dès lors impossible de la résoudre, car tout devient dès lors évident par la démonstration[4].

  1. Liv. 1er, ch. II, §§ 14 et suiv.
  2. Analyt. pr., II, 27 ; p. 70 a, 24.
  3. Ibid
  4. Ou, si l’on adopte, avec Spengel, la leçon unique du manuscrit de Paris, 1741 : « Tout devient une démonstration dès lors évidente. »