Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/324

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phores; quelle en est la valeur, soit en poésie, soit dans le discours ; encore une fois, on l’a dit dans la Poétique.

VIII. Pour le discours, il faut apporter d’autant plus de travail dans leur application, que cette forme de langage a moins de ressources, comparée à la versification ; que la clarté, l’agrément du style et sa physionomie étrangère sont particulièrement du ressort de la métaphore, et que l’on ne peut trouver cet avantage ailleurs.

IX. Il faut aussi parler des épithètes et des métaphores convenables ; cela résultera de l’analogie. Si celle-ci n’existe pas, la métaphore paraîtra manquer de convenance, vu que ce sont les contraires qui paraissent se prêter le mieux au parallèle. Seulement il faut examiner, si l’on donne une robe de pourpre au jeune homme, quelle robe on donnera au vieillard ; car le même vêtement ne convient pas aux deux âges.

X. Si tu veux glorifier (il faut) tirer la métaphore de ce qu’il y a de meilleur parmi les choses du même genre ; si tu veux blâmer, la tirer de ce qu’il y a de plus mauvais. J’entends, par exemple, que, comme il y a des contraires dans un même genre, dire que l’un en mendiant fait une prière et que l’autre en faisant une prière mendie, par cela même que des deux côtés il y a des demandes, c’est là faire la chose en question. Iphicrate disait que Callias était un μητραγύρτης, et non pas un δᾳδοῦχος[1], et celui-ci répondit qu’Iphicrate était, lui, un ἀμύητος[2] que, autrement, il ne l’aurait pas appelé un μητραγύρτης, mais un δᾳδοῦχος. En effet, les deux termes s’appliquent au culte divin ; seulement l’un est honorable, et l’autre ne l’est pas. Autre

  1. Un quêteur de Cybèle, et non pas un porte-flambeau.
  2. Un non initié, un profane.