Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/376

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elle était du moins utile, — ou quelque autre chose de ce genre.

III. Un autre moyen consiste à dire qu’il y a erreur, malchance, nécessité. Ainsi, Sophocle disait qu’il tremblait non pas, comme le prétendait son accusateur[1], en vue de paraître vieux, mais par nécessité ; qu’en effet, ce n’était pas pour son bon plaisir qu’il avait quatre-vingts ans. On peut aussi alléguer une raison qui excuse le mobile du fait imputé, en disant que l’on n’avait pas l’intention de nuire, mais d’accomplir telle action, non pas celle qui nous est imputée ; et que le résultat a tourné à mal : « Il serait juste de me haïr si j’avais agi avec l’intention qu’on me prête. »

IV. Un autre consiste à voir si l’accusateur n’a pas été impliqué (dans le fait en cause), soit maintenant, soit auparavant, soit lui-même, ou dans la personne de ses proches.

V. Un autre consiste à voir si l’on implique (dans une imputation) des gens que l’on reconnaît ne pas donner prise à cette imputation. Par exemple, si l’on dit que le libertin est innocent (on en conclura) que tel ou tel doit l’être aussi.

VI. Un autre, c’est d’alléguer que (l’accusateur) a fait la même chicane à d’autres personnes, ou un autre au défendeur, ou bien que d’autres ont été présumés (coupables du même délit) sans être mis en accusation de même que l’orateur aujourd’hui, lesquels ont été reconnus non coupables.

VII. Un autre moyen consiste à lancer une imputation contre l’accusateur. Car il serait absurde qu’une personne ne fût pas digne de confiance et que ses discours le fussent.

  1. Probablement Iophon, son fils et poète tragique comme lui.