Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/392

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Gorgias dit, et a raison de dire que l’on doit détruire le sérieux de ses adversaires par la plaisanterie et leur plaisanterie par le sérieux), — on a énuméré, dans la Poétique[1], les diverses sortes de plaisanteries.

Les unes conviennent à un homme libre ; les autres, non. Il faudra voir dans quelles circonstances pourra être de mise celle qui convient à l’orateur. L’ironie a quelque chose de plus relevé que la bouffonnerie. Par la première, on fait une plaisanterie en vue de soi-même, tandis que le bouffon s’occupe d’un autre[2].


CHAPITRE XIX


De la péroraison.


I. La péroraison (ἐπίλογος) se compose de quatre éléments : bien disposer l’auditeur en sa faveur et l’indisposer contre l’adversaire ; grandir ou abaisser ; mettre en œuvre les passions de l’auditeur ; rappeler les faits. Il arrive, naturellement, qu’après avoir démontré que l’on est véridique et que l’adversaire a menti, on peut, sur ces données, louer, blâmer et mettre la dernière main. Or il faut viser à établir l’une de ces deux opinions, que l’on est bon au point de vue de l’auditeur, ou absolument, et, d’autre part, que l’adversaire est malfaisant, soit au point de vue des auditeurs, soit absolument. Quant aux moyens à employer pour amener ces dispositions, on a exposé les

  1. Partie perdue. — Voir ci-dessus l’appendice de la Poétique.
  2. Le bouffon (ou plutôt le mauvais plaisant) s’occupe de faire rire, d’amuser autrui.