Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/123

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ment], à cause de la ressemblance qu’il y a entre les êtres produits ou engendrés, et ceux qui leur donnent la naissance. Car [dans le cas de l’usure] l’argent naît [pour ainsi dire, de l’argent], en sorte que de tous les moyens de se procurer de la richesse, celui-là est le plus contraire à la nature (1).

IV. À présent que nous avons suffisamment déterminé ce qui est relatif à la connaissance purement théorique du sujet qui nous occupe, il nous reste à entrer dans quelques détails relativement à la pratique. D’ailleurs, dans tous les sujets de ce genre, la théorie a toujours quelque chose de libre ou d’arbitraire, au lieu que la pratique ou l’expérience y est entièrement nécessaire. Entre les parties de l’art de la richesse qui sont utiles, est la connaissance pratique des choses qu’on possède, savoir, quelles sont les plus profitables ; comment et dans quels lieux : par exemple, quelle nature de bien

(1) Il n’est presque pas besoin d’avertir que les idées d’Aristote, dans tout ce dernier paragraphe, manquent entièrement de justesse. L’argent étant, comme il l’a reconnu en partie, une véritable denrée ou production, et de plus, un moyen ou un instrument universel d’échanges, il n’y a pas plus d’inconvénient à le louer, ou à le prêter moyennant une certaine redevance, qu’il n’y en a à louer une maison, un terrain, une voiture, etc. ; c’est une vérité qu’aucun homme sensé ne peut plus contester. Quant à l’exagération du taux de l’intérêt exigé par des prêteurs avides, jusqu’à quel point le législateur est-il appelé à la réprimer ? Les abus qui en naissent ne sont-ils pas le plus souvent occasionés par un faux système de mesures sur cette matière ? Ce sont des questions qu’il serait trop long de discuter ici.